Sensorimotricité et cognition : quels liens ?

L’approche incarnée de la cognition repose sur l’idée fondamentale que la cognition est à la fois nourrie et contrainte par les interactions qu’elle entretient avec le corps et l’environnement dans lequel il se meut. Alors que les expériences sensorimotrices sont connues comme pouvant favoriser le développement cognitif, des questions nouvelles ont vu le jour au cours de la dernière décennie concernant l’impact négatif que pourrait avoir la privation forcée d’exercices sensorimoteurs sur la cognition. La mise en place d’un paradigme d’immobilisation de courte durée (24 ou 48 heures) chez de jeunes adultes sains est intéressante à ce niveau, car elle permet de questionner la mise à jour des représentations mentales/cognitives induite par la privation d’exercice. Au cours de ce séminaire, je présenterai un certain nombre d’expériences qui montrent que certaines fonctions cognitives entretiennent un lien étroit avec le système sensorimoteur. Si le bénéfice des expériences sensorimotrices a largement été montré dans le cadre d’apprentissages variés, les travaux que je présenterai montreront que le fonctionnement cognitif peut souffrir de ce lien. En effet, la mise à jour rapide des représentations sensorimotrices (quelques heures suffisent) et notamment leur mise en veille en situation de privation forcée d’exercice, peut avoir comme conséquence de ralentir le fonctionnement cognitif (ralentissement de la simulation des actions, de la compréhension des mots d’action) ou d’altérer certaines fonctions (modification de l’espace péripersonnel, baisse des capacités de planification des actions, changements mnésiques, etc.).